Elaine avait environ 12 ans lorsque sa vie a commencé à mal tourner. Depuis le départ de sa mère, lorsqu’elle n’avait que 10 ans, elle vivait avec son père.
« Nous avons commencé à traîner dans un club pour jeunes de 13 à 17 ans même si nous n’avions que 12 ans. Un soir, j’ai rencontré un gars et nous n’avions pas d’endroit où passer la nuit. J’avais dit à mon père que je couchais chez une amie, mais celle-ci avait dit : « Non, je ne veux pas que tu couches ici. » Il avait donc offert que je couche chez lui. Il avait menti et m’avait dit qu’il avait 20 ans lorsqu’en réalité il en avait 25. J’avais moi aussi menti en disant que j’en avais 18. Je ne savais pas qu’il avait des antécédents de consommation de drogues. J’ai aussi commencé à consommer puisque je vivais avec lui. »
Elaine est déménagée chez lui, même si elle ne l’avait rencontré qu’une semaine auparavant. En moins d’un mois, elle lui avait avoué son âge et il avait fait de même. La situation n’a pas changé du tout. « Il était un grand menteur. Il venait de sortir de prison après une incarcération de trois ans. » Elle l’avait présenté à ses parents et sa mère s’est réintroduite dans sa vie.
« Je crois qu’elle voulait faire n’importe quoi pour me rendre heureuse; nous avons donc menti à mon père et en lui disant que je vivais avec elle lorsqu’en réalité je vivais avec ce gars. »
Sa consommation de drogues l’a mené dans les rues d’Ottawa. Un jour, son copain a été appréhendé. Un ami lui a donc parlé du BSJ. « J’avais vraiment faim, je ne m’étais pas lavée et j’étais trop jeune pour aller au centre 454. Mon ami a dit que je pouvais aller là. »
« Au BSJ, de nombreuses ressources sont disponibles. Surtout maintenant que je suis enceinte, que j’ai cessé de consommer et que j’essaie de me trouver mon propre logement, j’ai besoin de cet organisme. Il est devenu le fondement de ma vie. C’est aussi un endroit sécuritaire pour se faire des amis et pour être logé si tu as des conflits avec d’autres jeunes. »
Pourquoi a-t-elle fait ce changement de vie? « En décembre 2007, j’ai été appréhendée et j’ai passé un an à être sans cesse libérée et réincarcérée. Finalement, appréhendée en septembre 2008, j’ai purgé une sentence de quatre mois et j’ai ensuite été libérée en décembre 2008. C’est à ce moment que je me suis dit : « Je n’en peux plus. »
« J’ai souvent tenté d’abandonner la drogue, mais je ne le faisais pas pour moi-même, c’était plutôt pour quelqu’un d’autre comme mes parents. Quand j’ai été libérée de la prison, j’ai vraiment essayé de m’éloigner du crack et de la morphine. J’ai commencé à boire souvent et je ne suivais pas les conditions de ma probation. Heureusement, à l’époque, mon agente de probation était une travailleuse dans un autre centre de services sociaux, donc elle passait bien des choses sous silence. Ceci m’était bénéfique puisque je travaillais encore sur mon rétablissement. »
Un des plus gros changements est le fait que ma famille n’avait jamais eu confiance en moi. Elle ne voulait jamais vraiment être à mes côtés très longtemps et j’évitais de lui rendre visite puisque je ne voulais pas qu’elle me voit sous les effets de la drogue. Je ne voyais donc jamais mon petit frère. J’accomplis ce que je me propose de faire et les membres de ma famille voient que je vais mieux. Même si je me cherche encore un logement, les choses vont tellement mieux qu’avant et ils ont confiance en moi. Ils veulent actuellement passer du temps avec moi. Mon père m’a justement téléphoné hier simplement pour me demander si j’allais bien. J’ai été complètement honnête avec eux.
« Plus que rien d’autre, je regrette d’avoir abandonné l’école lorsque j’étais au secondaire. Si ce n’était de cela, je serais déjà diplômée. J’aurais pu assister au bal des finissants et j’aurais obtenu mon diplôme avec mes amis. Je vois mes amis et ils étudient à l’Université d’Ottawa. Je me dis : « Je devrais être là. J’aurais pu être là! » Cependant, il y a une raison pour tout. Je n’ai pas consommé pendant les 15 derniers mois. J’ai terminé ma période de probation. C’est pour moi un accomplissement énorme. Je veux m’inscrire dans le programme de graphisme au Collège Algonquin et ensuite lancer ma propre entreprise de design intérieur/extérieur et de mode. »
Ce qu’elle aimerait partager? « Si tu as besoin d’aide, demandes-en. N’aie pas peur. Je sais que c’est très difficile. C’était très difficile pour moi de demander de l’aide. Si tu en demandes, tu en recevras 10 fois plus que tu espérais et tu accompliras ce que tu veux! »